Littérature, communication et histoire
Cher ami, Mamadou F. Barry, en réalité vos prises de parole ne révèlent, au-delà de vos remarquables qualités intellectuelles, que votre grande générosité et votre souci permanent de témoigner dans la stricte vérité et la courtoisie. Vous avez travaillé, dans l'administration, sous les ordres de cette fierté nationale que "Kuma" a véritablement révélé à la face du monde. Vous l'avez connu et pratiqué ; votre témoignage est sans appel. Pour ma part, je ne connais vraiment que le critique littéraire. Je retiens simplement qu'il est un traceur d'itinéraires, comme le montre largement sa brillante conférence qui demande, entre autres, un renouvellement du statut de l'histoire, dans les productions culturelles des Africains.
C'est en effet dans le creuset de l'histoire (l'histoire référentielle et l'histoire de la langue) que se constitue la littérature avec des genres comme l'épopée et la fable, répertoriés genres littéraires, dans la tradition occidentale, mais qui entretiennent des liens solides avec l'histoire comme discipline. Ce qui est intéressant également, c'est d'avoir montré que l'œuvre littéraire garde dans ses interstices les traces de l'histoire, on peut dire du monde référentiel.
Sur la scientificité de l'histoire ou même des démarches adoptées par le critique littéraire, on peut évidemment exprimer un doute légitime. Plus essentiellement, d'ailleurs, devant le fait idéologique, la science humaine s'interroge, elle-même, sur ses propres fondements. L'éminent critique M. Makhily Gassama a raison de se méfier également du "fétichisme" de la science.
Prof Birahim Madior Thioune
Coups d'œil
Je reviens sur une question soulevée par le Doyen Makhily Gassama et qui a été une préoccupation de M. Mouhamadou Falilou Diop, au sujet de la littérature coloniale. Il y a évidemment les travaux du Pr. Madior Diouf sur le roman. Bernard Baritaud, un ancien coopérant de l'UCAD, qui a terminé sa carrière de professeur à l'Université Paris IV, a également consacré des écrits à cette littérature.
Ma contribution a consisté, pour ma part, à montrer le "travail de l'idéologie" dans les manuels scolaires, en particulier dans les livres de Mamadou et Bineta, plus connus sous l'appellation de "Série Davesne", dans le monde de la recherche universitaire. On voit clairement, dans les contenus textuels destinés à l'initiation à la culture littéraire, comme dans l'iconographie, les "armes" utilisées pour soumettre culturellement et politiquement les peuples d'Afrique, sous domination coloniale.