Il faut noter qu'avant le 19ème siècle, il y avait une mainmise du pouvoir politicoreligieux, seul détenteur du pouvoir de censure, en France, sur toutes publications. Les écrivains étaient alors confrontés à cet état de fait, et pouvaient même être traduits en justice et emprisonnés ou soumis à la ferme interdiction de diffuser leurs écrits. On se souvient que Flaubert à eu maille à partir avec la justice à la parution de Madame Bovary et Charles Baudelaire avec son recueil poétique des Fleurs du mal.
Ce n'est qu'au milieu du 19ème siècle que le domaine de la littérature a connu une délimitation précise, avec la naissance d'un groupe composé d'auteurs, d'éditeurs, d'imprimeurs, de libraires, de critiques littéraires et bien sûr de lecteurs qui exigent leur autonomie par rapport aux pouvoirs politiques et religieux ou autres composantes détentrices de la compétence de censure ou de sanction.
C'est d'ailleurs à cette période que la critique littéraire connaît un essor de plus en plus grand, dans les périodiques et les revues ou d'autres supports, libérant les auteurs, de stratagèmes (publication clandestine, préface pour décliner toute responsabilité quant aux conséquences de la publication, etc., cf. Antoine Compagnon, Le démon de la théorie, Seuil, 1998 ). Les critères définis hors du champ littéraire, pour leur acceptation ( politiques et moraux ), sont remplacés par des critères internes, essentiellement d'ordre esthétique. Mais à la fin du 20ème siècle, on observe un retour des critères externes à la littérature qui découpe une zone interdite, où toute œuvre de création court le risque d'être jugée blasphématoire ou immorale, donc digne de l'autodafé.
Pr.Birahim Thioune