Journalisme et littérature participent d'un même espace de déploiement, d'un même interdiscours. Question intéressante que celle qu'on peut se poser légitimement : un bon journaliste peut-il manquer de culture littéraire ? Il faut bien en douter, car la littérature c'est la vie. Affirmation paradoxale, mais qui prend tout son sens quand on sait que le journalisme comme la littérature se prononcent sur toutes les questions qui touchent à l'existence sociale.
Il est important également d'aller dans la spécification, en distinguant journalisme informatif et journalisme d'investigation. Tous partagent avec l'écrivain ou le littéraire la même position paratopique. Sans doute, il y a un rapport très étroit entre le créateur et le diffuseur ou l'éditeur qui participent à la fois du même champ discursif littéraire (à différencier du champ disciplinaire ), selon la définition de M. Maingueneau pour qui le champ littéraire englobe les textes, les maisons d'édition, les critiques littéraires les prix littéraires, etc.
S'il faut rester au niveau du langage qui constitue la base de tout discours, on peut dire qu'un phénomène paratopique caractérise ses différents usages. Car, au- delà du partage d'un même espace discursif, il existe la possibilité pour l'usager d'occuper des positions non enfermées dans un espace social et un temps définitivement fixés. Le texte est alors responsable de l'espace propre qu'il construit, en renvoyant à une position sociale de l'écrivain qui le légitime, en retour, comme produit d'une non appartenance ou même comme revendication d'une appartenance attestée.
Les journalistes romanciers comme Papa Samba Kane (Sabaru Jinne, 2015 ) Habib Demba Fall (Les trésors du chaos, 2016) et Mamadou Kassé (Une si longue aventure, 2020 ) se trouvent également dans cet espace paratopique, cette position de " non lieu social" effectif, applicable aux énonciateurs et même à l'écrivain référentiel.
Pr.Birahim Thioune