A la recherche de T.C. Elimane (suite)
Le Prix du mérite
La plus secrète mémoire des hommes de Mohamed Mbougar Sarr-Éditions Philippe Rey et Jimsaan.
Un romancier incontestablement doué rencontre les préférences du jury d'un prix littéraire, le Goncourt en l'occurrence, qui a acquis une réputation universelle de révélateur de romanciers de grande envergure. Il s'agit du choix d'autorités investies de compétences avérées, au service de la créativité et de la production de qualité.
Cependant, comme toute ouvre de création, des réserves peuvent être formulées, en toute bonne foi.
Le lecteur peut observer, chez le romancier Sarr, une sorte d'intention subversive, celle de ramener parfois la parole à sa fonction première d'expression proche du domaine des échanges courants, avec l'objectif de heurter la sensibilité littéraire de son lecteur. Comme dans les autres fictions d'Afrique, il convient de parler d'écolittérature. Car les environnements linguistiques et sociaux qu'elles évoquent constituent un ancrage solide, dans la construction des univers romanesques. Ces éléments définissent chez Mohamed Mbougar Sarr une identité propre.
Il y a également, chez cet auteur, une volonté de jouer avec la sensibilité du lecteur, par exemple dans l’épisode salace du début, qui semble instaurer un contrat de lecture offrant au destinataire la possibilité du choix de continuer ou de s’arrêter de lire. L’avertissement est donc clair, dès le départ : ce livre marquera son lecteur curieux, à jamais. Le livre de Mbougar Sarr heurte, certaines âmes sensibles, par ses visées affichées de type lubrique ou érotique et pamphlétaire qui semblent déboulonner bien des statues (tuts ) littéraires ou culturel(le)s.
On peut s'interroger, évidemment, sur le livre de Sarr, relativement à certains aspects :
· des parties en surnombre qui pouvaient être élagués.
· des fils du récit non dénoués
· des dates (ou repères temporels) foisonnantes, mais problématiques, rarement, il est vrai.
Au demeurant, MBougar Sarr a créé une fiction époustouflante écrite dans une langue hardie et magnifique.
Pr. Birahim Thioune