* Prix Caïlcédrat du Jeune roman féminin
Ndèye Marie Aïda Ndiéguène
Chez la marraine
DISCOURS DE RÉCEPTION DU PRIX CAÏLCÉDRAT DU JEUNE ROMAN FÉMININ
C’est un immense honneur pour nous, de remettre, en ce jour exceptionnel, le Prix Caïlcédrat du Jeune roman féminin, pour sa première édition, à Ndèye Marie Aïda Ndiéguène.
Il faut d’emblée noter le symbolisme de l’arbre, qui s’exprime par la métaphore végétale totale d’une catégorie de plante, connue pour son ombrage et ses vertus médicinales, d’une espèce d’ornement et de médication très représentative du milieu forestier africain.
Dans son référencement scientifique, l’acajou africain, dénommé « Khaya senegalensis », apparait comme un arbre merveilleux, celui de la fécondité et de l’abondance, mais également celui des réunions où se déploient les paroles essentielles des délibérations communautaires. Il concentre dans son essence même les innombrables vertus du monde végétal africain et s’adapte à une grande diversité d’aires naturelles. Nous ne jouerons donc pas la savane contre la forêt, le local contre l’étranger : « Guiera senegalensis » contre « Moringa oleifera », « Adansonia digitata » ou Baobab contre « Terminalia catappa » ou Gerté Toubab.
De façon plus fondamentale nous avons voulu également placer symboliquement ce prix 2020, sous le patronage de deux grands témoins de notre époque : Mme Aminata Sow Fall et M. Daniel Leuwers. Chacun d’eux porte un prénom sublime : Daniel dont le Canon clôt l’Ancien Testament et Aminata génitrice de Mohamed, l’envoyé de Dieu venu fermer la tradition prophétique après Moïse et Jésus (Paix sur eux !)
C’est donc tout naturellement et tout aussi légitimement que la cérémonie d’élévation, d’une jeune plume sénégalaise, se déroule dans l’enceinte de la grande université africaine de Dakar, à l’ombre tutélaire du réputé très savant Pr. Cheikh Anta Diop.
• Mme la marraine, M. le parrain
• Mesdames et Messieurs les invités
La lauréate de cette première édition du Prix Caïlcédrat du Jeune roman féminin mérite bien la célébration d’aujourd’hui. Car ce qui retient l’intérêt, chez l’auteur Ndèye Marie Aïda Ndjéguène, c’est la précocité du talent et la perspicacité du regard sur le monde d’aujourd’hui.
Deux romans de qualité produits en deux ans nous ont convaincus du devoir de reconnaissance publique et autorisée de ses qualités de créateur de fictions. En effet, l’auteure d’Un lion en cage et de Gemini nous apparaît comme une romancière doublée d’une poétesse. Bien sûr, il ne s’agit pas pour elle d’exprimer en prose ses sensations poétiques, elle demeure l’une et l’autre de façon séparée et irréductiblement unie.
En somme, pour le dire autrement, elle manie admirablement deux genres littéraires et deux styles d’écriture différents dans leur essence.
Vous le devinez, Mesdames et Messieurs, c’est dans cette structure binaire que se trouve l’originalité de ses dispositifs de création. Car avec cette romancière, et pour pasticher le fécond et puissant sémioticien, l’Italien Umberto Eco, un poète est dans le récit.
Ce qui séduit enfin, chez notre récipiendaire, c’est son art de mettre en perspective les problèmes cruciaux de notre quotidien. Il s’agit, entre autres, du destin de la jeunesse africaine, à travers l’éducation et l’aventure. Nous saluons donc la naissance d’un talent précoce que nous souhaitons voir se développer dans toute sa plénitude, et se fortifier de façon naturelle, au contact d’un monde complexe et changeant.
• M. le Recteur
• Madame la Marraine, Monsieur le Parrain
• Honorables invités
Ndèye Marie Aïda Ndiéguène réussit bien son entrée dans la communauté des créateurs et dans le monde lettré. C’est pourquoi nous lui décernons solennellement le Prix Caïlcédrat du Jeune roman féminin.
Dakar, le 19 décembre 2020